N. Fieulaine – Psychologie sociale et la ville perméable

Nicolas Fieulaine est chercheur en Psychologie Sociale à l’Université de Lyon et membre de la Chaire Innovation Publique (Éna, École Polytechnique, SciencesPo Paris, ENSCI). Il s’intéresse à la thématique de l’eau dans la ville, car l’accompagnement du changement et la mobilisation des acteurs sur ce thème peut s’enrichir des travaux de recherche en psychologie sociale, en termes d’approches comme en termes très concrets d’outils, d’interventions et d’expérimentations. L’économie a depuis longtemps intégré la psychologie sociale dans ses analyses ; il est temps d’en faire autant pour les choix techniques et stratégiques d’aménagement et de prise en compte des enjeux environnementaux.

00:00 : Introduction
02:16 : Psychologie sociale et sciences comportementales: qu’es ce que c’est?
05:51 : Comprendre les comportements pour les changer
10:50 : La ville “perméable”?
11:36 : La littérature
20:10 : Les regards des acteurs
23:41 : Les leviers pour favoriser les projets
24:40 : Inciter
27:33 : Expérimenter

Les sciences comportementales peuvent nous aider à mieux identifier à quel niveau se situent les points de blocage : l’intention ou le passage à l’action par exemple. Elles aident à bien distinguer les représentations et les attentes des différents publics ; elles conduisent à décliner les discours et les arguments en accords avec les différentes représentations, et enfin à adapter les messages et les messagers pour éviter d’être contreproductif.

Les techniques dites alternatives, au-delà de leur nom, ne sont toujours pas dans le courant principal. Le choix d’une solution alternative reste donc un choix actif, volontaire, voire engagé, qui nécessite de fournir un effort supplémentaire pour considérer cette solution plutôt que la solution classique. Les solutions se développent donc en fonction de l’engagement des acteurs et principalement sur des secteurs favorables (écoquartiers ou nouvel aménagement sur des surfaces vierges, mais pas entre-deux).

Pour faire évoluer l’intention, 3 facteurs sont important :
• la représentation, la compréhension et la visibilité de l’eau dans la ville : les circulations verticales, interroger la logique des tuyaux et sensibiliser aux sols perméables et leurs avantages ;
• la référence à la norme sociale (le mainstream), et faire évoluer le positionnement des solutions dites alternatives vers le courant principal : rendre l’alternatif normal, par obligation ou par incitation financière, proposer des référentiels en faveur de la désimperméabilisation, et rendre l’action visible du point de vue normatif ;
• et enfin le contrôle comportemental perçu ou la capacité à agir.
Le passage de l’intention à l’action nécessite une forte anticipation de la part des autorités et des actions d’incitation et d’accompagnement.

Le projet mené pour l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse vise, sur la base d’un diagnostic réalisé avec quelques territoires, à établir une boite à outils, l’expérimenter en formant des porteurs de projet, et évaluer l’efficacité de l’action publique au regard du nombre d’opérations réalisées.

Utiliser les références à la psychologie sociale est une méthodologie transversale pour les collectivités, très utiles dans plein de domaines, bien au-delà des seules questions de la gestion de l’eau dans la ville. Elle est au cœur des travaux portés par la chaire “transformations de l’action publique”, qui vise à produire des connaissances et débattre sur pourquoi et comment accompagner et réussir les transformations de l’action publique. Nicolas Fieulaine travaille avec quelques collectivités qui sont déjà engagées dans ces démarches, avec des personnels formés et outillés et des retours très positifs.

Les conférences “Ville perméable” ont pour thème la gestion intégrée de l’eau dans la ville, et particulièrement les solutions alternatives de gestion des eaux pluviales et les solutions fondées sur la nature. Ces temps de conférences et d’échanges permettent de partager des réflexions prospectives, des résultats de recherche et des retours d’expérience. Cette année, les interventions et débats organisés portaient plus particulièrement sur l’établissement d’un cadre favorable au déploiement des solutions et à un changement effectif des pratiques.